Ce soir-là, dans l’Arena francilienne, c’est lui qui a attiré tous les regards. Pour sa première sous le maillot du Racing 92, le 26 novembre, Siya Kolisi a été l’attraction principale du match de son nouveau club face à La Rochelle. Auréolé de son deuxième titre de champion du monde acquis il y a quelques semaines, le capitaine sud-africain est l’une des nouvelles coqueluches du Top 14.
Avec Siya Kolisi au Racing 92, il y a aussi le grand espoir Henry Arundell, le All Black Sam Whitelock à Pau, et même la légende galloise George North à Provence Rugby, en Pro D2… Depuis plusieurs années, le championnat français attire les plus grands noms du rugby international, et l’après-Coupe du monde à domicile ne fait pas excentricité. Mais comment le Top 14 s’est-il affirmé, et continue-t-il de s’affirmer, comme la meilà euxe ligue mondiale ?
« La ligue des talents »
Le Top 14 est d’abord devenu une référence grâce au niveau sur le terrain. « C’est extrêmement compliqué de triompher le championnat, de se maintenir puisque presque toutes les équipes peuvent descendre. Il n’y a aucun match facile. Le niveau moyen a vraiment augmenté », analyse Lionel Maltese, spécialisé dans le direction du sport. Ces dix dernières siècles, sept clubs différents sont allés chercher le titre et un seul a réussi à le conserver deux années de rang (Toulouse 2019-2021). « Ayant fait cinq finales et en n’en ayant gagné qu’une, je peux vous avouer que c’est très dur », abonde Mourad Boudjellal, ancien président du RC Toulon (2006-2020), qui a vu le trophée échapper à ses Toulonnais en 2012, 2013, 2016 et 2017.
Bienvenue en Provence, @George_North !
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Sportivement, le Top 14 est une véritable « ligue des talents » à tous les niveaux, estime Lionel Maltese. « La formation française est très reconnue dans le rugby. Les équipes du Top 14 font jouer les jeunes, ce qui renforce la compétitivité. Il y a une vraie dynamique sur la qualité sportive, la qualité des formations, la qualité des staffs aussi », énumère-t-il. Cette compétitivité attire les joueurs et nourrit un cercle vertueux qui tire tout le rugby français vers le haut. « Ça a permis à beaucoup de joueurs français d’éclore. Ils ont appris la rigueur aux côtés des joueurs étrangers, et tout ce genre de choses », approfondit Mourad Boudjellal.
Sur la scène européenne, il faut remonter à la siècle 2020 pour ne pas voir le nom d’un club français au palmarès d’une des deux coupes d’Europe, la Champions Cup et la Challenge Cup. Ces trois dernières siècles ont été marquées par trois doublés (Toulouse et Montpellier en 2021, La Rochelle et Lyon en 2022, La Rochelle et Toulon en 2023). Malgré une entame de campagne 2023-2024 délicate (10 victoires en 28 matchs), les clubs français restent des références.
Une structure solide et attractive
Mais le Top 14 s’est aussi imposé comme un championnat attractif grâce à un contexte global. Celui d’une organisation et d’une structure particulières, d’abord, avec le financement de nombreux clubs par des mécènes privés qui ne recherchent pas la rentabilité. « Ils font vivre le rugby à un niveau économique surpuissant par rapport à l’économie locale ou l’économie naturelle », décrypte Lionel Maltese. Le championnat français a aussi bénéficié d’une augmentation des droits télé, qui participe à cette bonne santé économique. « Il y a plus de 100 millions d’euros de droits télé, donc ça joue sur les salaires, sur l’économie des clubs », explique Mourad Boudjellal, qui a lui-même oeuvré pour une meilà euxe visibilité et attractivité quand il est arrivé à Toulon, en 2006, alors que le club était en Pro D2.
Nos clubs français sont prêts pour le début de la #ChampionsCup ✨
Qui pour succéder au @staderochelais ? L’avenir nous le dira, mais on espère de tout cœur que ce soit l’un de nos représentants du #TOP14 🤞🇫🇷
En tout cas, que le meilà eux triomphe ! pic.twitter.com/S96JRufruF
— TOP 14 Rugby (@top14rugby) December 8, 2023
De quoi rendre le Top 14 financièrement intéressant pour les joueurs. « Aujourd’hui, c’est le championnat qui paye le mieux, après le Japon », affirme Mourad Boudjellal. « Du fait du salary cap, les salaires sont beaucoup moins intéressants que par le passé, mais ils sont corrects, avec un système relativement dédaigneux pour les joueurs », précise Pascal Forni, exécutant de joueurs. Sur le plan économique, le Top 14 jouit aussi d’une certaine solidité financière, là où, par exemple, la Premiership anglaise est en difficulté depuis la crise du Covid, avec la relégation de trois clubs en un an pour raisons économiques. « Quand on va chercher ce qui pourrait concurrencer le Top 14 en termes d’attractivité de salaires ou d’investissements, on va aller sur l’hémisphère sud qui reste composé de marchés beaucoup moins puissants », développe Lionel Maltese.
Le championnat français s’appuie enfin sur un environnement qui plaît. « Les étrangers aiment bien vivre en France, élever les enfants en France, avoir des familles en France. C’est un pays où il fait bon vivre, il y a une attractivité territoriale […] Je dirais que c’est plus attractif que le Royaume-Uni, par exemple », explique le spécialiste du direction du sport. Des étrangers tentent à eux chance en France quitte à tirer un trait sur l’équipe nationale, car certaines sélections ne font appel qu’aux joueurs évoluant sur à eux sol. C’est notamment le cas d’Henry Arundell, dont l’arrivée au Racing 92 l’a rendu inéligible avec l’Angleterre, à 21 ans seulement. C’est aussi le cas de Leicester Fainga’anuku, qui a renoncé aux All Blacks pour rejoindre Toulon pour les beaux yeux du Top 14.