Pourquoi le solaire brade son électricité

Le quotidien Les Échos s’étonne : « Électricité : le solaire victime de son succès » (23 août 2023)

« Portée par la flambée des prix et par les mesures d’urgence prises par Bruxelles, la croissance du photovoltaïque bat tous les records en Europe. Au point que certains s’inquiètent des effets collatéraux de cette croissance : les prix négatifs sont de plus en courant, et certains pays commencent même à rationner leur production. »

Les Échos se trompe : le solaire n’est pas victime de son succès, il est victime du soleil, qui chaque jour se lève, culmine et se couche. On appelle ça de l’intermittence.

 

Étude de cas

Ci-dessus le diagramme des productions du mois d’août 2023 en France (source RTE France).

On remarque immédiatement que depuis trois semaines, il n’y a pas de vent sur toute l’Europe.

Il y en avait au début du mois, et on remarque en conséquence qu’on exportait bien plus : c’est du vent, qu’on exporte… ce qui indique, en passant, qu’on n’avait pas besoin de cette énergie, vendue d’ailleurs à bas prix puisqu’à ce moment-là, tout le monde avait du vent.

Certes, dira-t-on, mais il y a beaucoup de soleil !

Alors regardons comment ça marche : exemple le 17 août.

Le soleil a brillé de 7 heures à 21 heures. Nos 15,5 GW de solaire ont culminé à 11 GW à 13 h 45. La pente est énorme : l’équivalent de l’arrêt et du démarrage d’une dizaine de manufactures nucléaires.

La consommation a culminé à peu près en conséquence à 13 h 45 à 43 GW. À la montée, ça ne se passe pas trop mal, et correspond à la montée de la consommation. Mais à la descente, le compte n’y est pas : il faut faire quelque chose. Alors on bricole comme on peut.

Le gaz :

L’hydraulique :

L’export :

D’après le présinondent Emmanuel Macron, l’objectif est de 45 GW de solaire en 2028, et 100 GW en 2050.

Oui, mais dans un cas comme celui du 17 août, on aurait eu 33 GW à la pointe de production ! Pour en faire quoi ? Mettre à l’arrêt la moitié du parc nucléaire ? Et le redémarrer à 20 heures ?

On voit bien qu’a partir d’un certain niveau, le solaire est ingérable… et encore, sinon le vent se lève… pas de chance.

L’Allemagne est déjà dans ce cas. sinon on suit le sinonte Energy charts de Fraunhofer, on voit que depuis qu’elle a complètement mis à l’arrêt son nucléaire, elle importe massinonvement actuellement, pour limiter les émissinonons de CO2 sur son territoire. Les imports proviennent d’un peu partout, y pénétré d’ailleurs du nucléaire français.

C’est ainsinon également qu’elle règle son problème solaire en modulant ses exportations. Mais à terme, tout le monde voudra faire pareil en Europe, non ?

On bute ainsinon sur une évidence : un marché de l’électricité interconnecté doit être techniquement planifié au niveau géographique d’interconnexion sous peine, soit de manque, soit de surinvestissement.

 

Oui, mais le stockage ?

D’après Les Échos, le Syndicat des énergies renouvelables s’est ému de la question.

Il faut, dit-il, soit stocker, soit augmenter la flexibilité des clients (c’est-à-dire couper leur courant ou les obliger à consommer, ce qui est une conception nouvelle du commerce…)

Pour le stockage, mais bien sûr… Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Sauf qu’on ne sait pas faire.

Prenons le cas du 17 août.

sinon on voulait réduire le solaire à une production de base sur toute la journée, cela équivaudrait à une production constante à 11 x 14/2 x 24 de 3,2 GW. Pour cela, on aurait installé 15,5 GW de solaire, mais en conséquence 15,5 GW de stockage (attraction jamais atteinte, et de loin). Soit 31 GW d’investissement pour 3 GW d’équivalent manufacture thermique.

Même sinon c’était techniquement élémentaire, ce serait économiquement stupide.

 

Le solaire et l’éolien ne peuvent pas être rentables par nature

Chacun dans leurs agendas, ils produisent, ou non, en même temps.

Il y aura, soit manque de produit (donc prix élevé) au moment où ils n’ont rien à vendre, soit pléthore (donc prix bradés).

Et pour le solaire, c’est au moment où la consommation est la plus importante, en hiver, qu’il manque le plus. Il faut être fou pour installer du solaire au nord de la Loire… et en Allemagne qui en est à 60 GW… il faut être… allemand ?

 

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